Me and the devil blues / Hiramoto .- Kana, 2008

Publié le par Nico

Me and the devil blues / Hiramoto .- Kana, 2008

Les grandes musiques de ce siècle sont apparues en réponse à une situation oppressive, la frustration peut être un moteur créatif redoutable. La paupérisation de l’Angleterre face au capitalisme outrancier de Thatcher a défini les contours du punk. Au même titre, la mise au ban de la communauté afro américaine a lancé le mouvement Hip-hop, la musique a été et est toujours un vecteur pour lutter contre les inégalités.

Héritage douloureux de l'esclavagisme, le blues s’est façonné à la lueur des champs de cotons. En jetant ces quelques accords binaires, la souffrance des déracinés s’offre un exutoire. C’est ici que commence l’histoire de cette légende du blues : Robert Leroy Johnson !

Peu de gens connaissent ce musicien, et pourtant il a marqué au fer rouge la musique des ces trente dernières années. Les Beattles, les Rolling Stones, Clapton ou Jimi Hendrix avouent humblement leur dette face à ce musicien exceptionnel.

 

Plantons le décor de ce manga : comme dans un livre de Marc Twain, nous voici à la fin des années 20 dans le Mississippi ; les noirs travaillent pour des grandes fermes tenus par des blancs.  C’est ici que vit R.J. (Robert Johnson) avec sa femme enceinte, son seul et unique rêve est de devenir un grand bluesman. Pendant ces rares moments de distraction, il se rend dans un house pour écouter du blues et boire de l’alcool frelaté. Mauvais guitariste, R.J. va chercher conseil chez les bluesmen qu’il rencontre et tenter d’apprendre les secrets de cette musique si particulière. Malgré sa pugnacité, le résultat n’est pas au rendez-vous ; c’est alors qu’on lui conte une étrange légende nommée « Cross road » : si tu veux  être un guitariste hors pair, trouve toi à la croisée des chemins et joue un morceau,  le diable te proposera un marché : ton âme contre le talent.

 

\\\\\\Petite parenthèse : Dans l’Amérique puritaine du début du siècle, Robert Johnson a été jugé comme un des premiers musiciens « sataniques » et donc considéré plus tard comme le précurseur du Rock n’Roll…//////

 

Voilà, dans ses grandes lignes le résumé du premier tome. Le Deuxième quant à lui quitte les rails de la biographie et fantasme une histoire ‘au delà du réel’. R.J. erre, désœuvré  sur les routes accompagnées d’Ike (le diable personnifié), il va croiser en chemin le célèbre Clyde Barrow (mais où est Bonnie ???).  Celui-ci lui propose de se rendre dans une luxueuse propriété appartenant à des blancs, pour les divertir, enfin c’est ce qu’il croît. Pendant qu’il s’épuise à jouer du blues et de la country, Clyde s’immisce dans les chambres afin de dérober des objets de valeurs. Malheureusement, tout ne se passe pas comme prévu !!!

 

Le caractère autobiographique du premier tome se délite au profit de l’irrationnel dans le second. R.J. découvre que sa main gauche compte 10 doigts, preuve irréfutable du malin. Malgré cette faute de goût scénaristique, « Me & the devil blues » peut compter sur un dessin de qualité. Hiramoto donne beaucoup d’âme aux visages, le crayonné accentue admirablement le jeu d’ombre et de lumière. Connaissant un peu la biographie de Robert Johnson et notamment les circonstances mystérieuses de sa mort, on se dit qu’Akira a toutes les cartes en main pour nous offrir un manga de qualité.



Publié dans Chroniques

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